Le pied de l’athlète: approche ostéopathique

Quelle est l’approche du pied de l’athlète en ostéopathie ?

Chloé a travaillé pour son mémoire en ostéopathie sur le sujet des pathologies de surcharge sur le pied de l’athlète.

Durant cette étude elle a découvert un organe de propulsion  complexe et passionnant.

Lors de la pratique en cabinet en physiothérapie de sport ou ostéopathie du sport de nombreux athlètes consultent pour des pathologies de surcharge telles que fascéites plantaires, fractures de fatigue, périostite tibiale, tendinite du tendon rotulien ou du TFL.

De quoi proviennent ces pathologies de surcharge ?

Ces pathologies peuvent provenir d’un surplus d’entrainement en volume ou intensité, d’un changement brusque de type de course sur l’avant pied, d’utilisation de chaussures inadaptées et d’un pied dit « non fonctionnel » car trop raide ou trop laxe, trop faible.

Que penser du natural running en vogue depuis une dizaine d’années ?

Depuis quelques années, la nouvelle mode est le « natural running » ce qui signifie que les chaussures deviennent minimalistes et n’assurent plus la fonction d’amorti des chocs. Cela demande un effort accru de la part du pied lors de la pratique sportive.

Cette tendance a pour conséquence une augmentation des blessures de surcharges chez les pratiquants de course à pied  car cette course au naturel  dite « course sur l’avant pied » demande une adaptation mécanique aux contraintes plus importante  puisque la chaussure ne permet plus un amorti artificiel. Mais pas seulement, car même si le pied a une capacité d’adaptation naturelle qui lui permet de conserver sa stabilité, de minimiser le stress d’impact et d’être le plus économique possible, l’inutilisation fonctionnelle du pied au 21e siècle engendre une raideur articulaire et une perte de force résiduelle qui expliquent aussi ces surcharges.

Comment fonctionne le pied ?

Le pied humain fonctionne comme un ressort avec une grande déformabilité de l’arche plantaire, ce qui n’est pas du tout le cas du pied du singe.

Nos pieds se sont très spécialisés contrairement à la main qui est restée proche des origines. La bipédie primitive avec un pied démuni de voûte plantaire était un handicap car il ne permettait pas une fuite. Si l’homme a au fil du temps légué cette fonction à ses descendants c’est que cette fonction était primordiale. Le parfait exemple de cette évolution est le peuple Tarahumara dans le nord du Mexique. Cette population intrigue les chercheurs car ils sont capables de courir des centaines de kilomètres pieds nus.

En les observant on comprend que l’homo-sapiens a développé une capacité à courir une très longue distance et qu’un homme court par exemple plus longtemps qu’une antilope sur une longue distance car cette dernière n’a pas la capacité de refroidir son système lorsqu’elle court contrairement aux humains. L’homme est né pour courir des distances phénoménales et ce, pieds nus, grâce à un pied qui possède de nombreux os, un bijou de technologie qui n’a pas besoin d’amorti artificiel.

On peut aisément se rendre compte que lors de la course le pied subit des contraintes mécaniques très importantes et que le pied intervient comme un élément en tension qui permet une absorption des chocs et une restitution de l’énergie que l’on nomme énergie cinétique. Cette faculté résulte de la capacité élastique de ces éléments en tension et compression au sein du pied. Lors des sauts, dit exercices pliométriques, les muscles antigravitaires et les structures élastiques (tendons, anthèses, aponévroses) sont fortement sollicités. Le muscle subit un cycle très bref d’étirement et de détente. Lors de la phase d’étirement, le muscle, bien que contracté, s’allonge, ce qui permet d’emmagasiner de l’énergie. Pendant la détente, il subit une contraction concentrique explosive qui favorise la libération de l’énergie élastique. Chaque pas se transforme donc en énergie car le pied se comporte comme une balle qui rebondit.

Ces forces peuvent atteindre jusqu’à 8 fois le poids de corps dans le cas de la course. Les études physiopathologiques démontrent que ce n’est pas la force qui est nuisible mais la pression couplée à la durée de mise en pression. Un excès de pression bref et moins nuisible qu’une pression faible mais prolongée. La cadence lors de la course à pied est donc primordiale pour minimiser les forces d’impact au sol.

On comprend donc que le pied est l’organe du mouvement par excellence mais pas seulement.  C’est aussi un organe sensitif. Ainsi, au-delà du rôle dynamique du pied, il ne faut pas oublier son rôle proprioceptif et sensitif qui ajuste la posture et l’équilibre par cette fonction.

Le rôle proprioceptif et perceptif du pied ?

La spécificité de l’homme est de n’avoir que deux contacts au sol. Le pied est donc un interlocuteur privilégié de ce contact et on comprend que ce soir un organe principalement sensitif. Il donne au cerveau une somme considérable d’informations concernant notre position dans l’espace et sur la nature du sol. Le pied dispose d’un réseau nerveux et proprioceptif important qui lui permet d’enregistrer différentes informations en temps réel telles que : température, pression, mouvements dans l’espace. Ces informations remontent au cerveau qui les structure, les intègre à d’autres observations transmises par les yeux, l’oreille interne et le cervelet. Il en déduit l’état du terrain, la position du pied au sol par rapport au centre de gravité. Sur la base de ces informations, il déclenche des mouvements destinés à maintenir l’équilibre et assurer le déplacement du corps dans l’espace. C’est ensuite un organe de support qui doit supporter le poids du corps contre la gravité. Il lui faut donc une structure assez rigide mais capable aussi de se déformer car par excellence le pied est un organe du mouvement. Le pied entretient donc un rapport étroit avec les systèmes nerveux et l’appareil locomoteur. La qualité de la réponse dépond donc étroitement de la qualité de l’information. Le pied transmet essentiellement l’information tellurique de terre à terre.

Donc au-delà du rôle dynamique du pied il ne faut pas oublier le rôle proprioceptif et sensitif du pied qui ajuste la posture et l’équilibre par cette fonction.

Comment la pathologie s’installe ?

Comme expliqué précédemment le pied est un appareil de haute précision prévu pour supporter de grandes contraintes mécanique mais il suffit de peu de choses pour que cette belle mécanique se grippe. Tout d’abord une ancienne blessure crée des raideurs résiduelles qui perturbent la mécanique du pied. Un pied raide devient moins fonctionnel. S’il perd sa fonction primaire, il aura plus de difficulté à s’adapter aux contraintes mécaniques de la course à pied par exemple. Le « pied ballon » sera moins performant et plus fatigable, le geste sportif moins économe et la blessure de compensation pointera le bout de son nez. Il faut dire que nous sommes habitués à porter des chaussures très confortables mais qui induisent une paraisse du pied. La vie de sédentarité par-dessus n’arrange rien. Le pied actuel n’est plus comparable aux pieds de nos ancêtres sauf pour les peuples qui ont conservé les qualités physiologiques du pied ancestral.

Quel sera le travail de l’ostéopathe ?

L’ostéopathe  procède à une analyse globale du pied et de l’ensemble du corps afin de mettre en évidence des raideurs pathologiques résiduelles à d’anciennes blessures ou surcharges répétées dans le temps et l’espace.  Pour résumer grossièrement, en levant les raideurs au sein du tissu, le thérapeute annule ou diminue les effets de points fixes et bras de levier pathologiques et permet une ré- harmonisation du système.

Cet état d’harmonie de tension permet de libérer les contraintes portées sur les ligaments, tendons et l’os.

Le but de la manipulation structurelle  étant d’améliorer l’apport de sang dans les zones raides, le tissu mieux vascularisé sera ainsi plus souple et apte à supporter les contraintes mécaniques. Le pied pourra ainsi retrouver ses qualités de souplesse et également  sa fonction de ressort qui absorbe et restitue les contraintes mécaniques.  Un pied au départ moins fonctionnel est définitivement plus à risque de développer des pathologies de surcharges car il aura moins de capacité de compensation au sein de son système.

Comment éviter les blessures ?

Pour éviter les blessures il est important de faire appel à un réseau médical qui sera apte à prendre en considération le corps dans son ensemble.

Nous avons déjà évoqué la prise en charge ostéopathique, mais il n’est qu’un maillon de la chaîne.

Tout d’abord, vérification du matériel qui doit être adapté, choisissez les bonnes chaussures surtout si vous faites de la longue distance. Evitez de passer à la chaussure de natural running sans adaptation au préalable. Personnellement nous préconisons des chaussures neutres plutôt que des chaussures pronatrices ou supinatrices pas forcément adaptées à vos pieds. Le morphotype des pieds est aussi important car des pieds très plats ou très creux auront d’office plus de risque de développer une dysfonction dans le temps par des contraintes mécaniques répétées.  Dans ce cas il est aussi possible de faire une analyse posturale podologique (sur prescription médicale).

Ensuite, le volume d’entrainement et l’intensité des entrainements doivent être progressifs, il est dangereux de se référer à des planifications faites pour d’autres si vous voulez participer à un marathon par exemple car cette planification ne sera pas personnalisée pour vous, votre planning familial et professionnel, vos antécédents de blessures etc… faites donc appel à un professionnel.

Si vous sortez d’une période de repos post blessure ou que vous voulez vous mettre à la course, reprenez progressivement les exercices de pliométrie : sauts, échelle de course, corde à sauter qui permettront à votre corps de retrouver force, mobilité, cadence de course. Cette étape se nomme  « école de course ». Elle vous permettra d’acquérir une course efficace, économe et moins traumatisante pour votre corps. Cette étape se fera soit par un coach, préparateur physique ou physiothérapeute du sport. Respectez les 72h de repos après un entrainement de pliométrie pour permettre au corps de cicatriser après ce stress mécanique répété. Le repos est aussi important que l’entrainement et évite la surcharge.

Pour terminer, n’oubliez pas le retour à la course à pied en milieu naturel (trail) sur un sol soft et moins traumatisant que le goudron.

Faites surtout du bien à votre corps pour que votre âme ait envie d’y rester longtemps! Faites du bien à votre âme en vous connectant à la nature mais là… on change de sujet!

Nous espérons que ces quelques lignes vous auront éclairé sur le sujet et nous vous souhaitons

Bonne course !

 

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